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Blog des classes de seconde, première, littérature et société
19 mars 2020

Activités en Humanités, littérature & philosophie

Semaine 1 :

Faire un plan détaillé du commentaire du texte de Michel Tournier, en suivant les axes donnés

Problématique :

En quoi  cette nouvelle compagnie bouleverse-t-elle le héros?

Plan possible :

I - Le point de vue occidental de Robinson

II - La fragilité du héros

Tournier, Michel, Vendredi ou les limbes du Pacifique

Que d’épreuves nouvelles depuis trois jours et que d’échecs mortifiants pour mon amour-propre ! Dieu m’a envoyé un compagnon. Mais, par un tour assez obscur de sa Sainte Volonté, il l’a choisi au plus bas degré de l’échelle humaine. Non seulement il s’agit d’un homme de couleur, mais cet Araucanien costinos est bien loin d’être un pur sang, et tout en lui trahit le métis noir ! Un Indien mâtiné de nègre ! Et s’il était encore d’âge rassis, capable de mesurer calmement sa nullité en face de la civilisation que j’incarne ! Mais je serais étonné qu’il ait plus de quinze ans — compte tenu de l’extrême précocité de ces races inférieures — et son enfance le pousse à rire insolemment de mes enseignements. Et puis cette survenue inattendue après des lustres de solitude a ébranlé mon fragile équilibre. L’Évasion a été à nouveau pour moi l’occasion d’une défaillance mortifiante. Après ces années d’installation, de domestication, de construction, de codification, il a suffi de l’ombre d’un espoir de possibilité pour me précipiter vers ce piège meurtrier où j’ai failli succomber jadis. Acceptons-en la leçon avec une humble soumission. J’ai assez gémi de l’absence de cette société que toute mon œuvre sur cette terre appelait en vain. Cette société m’est donnée sous sa forme la plus rudimentaire et la plus primitive certes, mais il ne m’en sera sans doute que plus facile de la plier à mon ordre. La voie qui s’impose à moi est toute tracée : incorporer mon esclave au système que je perfectionne depuis des années. La réussite de l’entreprise sera assurée le jour où il n’y aura plus de doute que Speranza et lui profitent conjointement de leur réunion.

 

 

Semaine 2 :

Rédiger un des axes du commentaire de Denis Diderot (= 3 paragraphes !)

Denis Diderot, Supplément au voyage de Bougainville, II, 1796 

Au départ de Bougainville, lorsque les habitants accouraient en foule sur le rivage, s’attachaient à ses vêtements, serraient ses camarades entre leurs bras, et pleuraient, ce vieillard s’avança d’un air sévère, et dit :

« Pleurez, malheureux Taïtiens ! pleurez ; mais que ce soit de l’arrivée, et non du départ de ces hommes ambitieux et méchants : un jour, vous les connaîtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attaché à la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au côté de celui-là, dans l’autre, vous enchaîner, vous égorger, ou vous assujettir à leurs extravagances et à leurs vices ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu’eux. Mais je me console ; je touche à la fin de ma carrière ; et la calamité que je vous annonce, je ne la verrai point. Taïtiens ! mes amis ! vous auriez un moyen d’échapper à un funeste avenir ; mais j’aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu’ils s’éloignent, et qu’ils vivent. »

Puis s’adressant à Bougainville, il ajouta : « Et toi, chef des brigands qui t’obéissent, écarte promptement ton vaisseau de notre rive : nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire à notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature ; et tu as tenté d’effacer de nos âmes son caractère. Ici tout est à tous ; et tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien. Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagé ce privilège avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu féroce entre les leurs. Elles ont commencé à se haïr ; vous vous êtes égorgés pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres ; et voilà que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n’es ni un dieu, ni un démon : qui es-tu donc, pour faire des esclaves ?

Orou ! toi qui entends la langue de ces hommes-là, dis-nous à tous, comme tu me l’as dit à moi, ce qu’ils ont écrit sur cette lame de métal : Ce pays est à nous. Ce pays est à toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis le pied ? Si un Taïtien débarquait un jour sur vos côtes, et qu’il gravât sur une de vos pierres ou sur l’écorce d’un de vos arbres : Ce pays appartient aux habitants de Taïti, qu’en penserais-tu ? Tu es le plus fort ! Et qu’est-ce que cela fait ? Lorsqu’on t’a enlevé une des méprisables bagatelles dont ton bâtiment est rempli, tu t’es récrié, tu t’es vengé ; et dans le même instant tu as projeté au fond de ton cœur le vol de toute une contrée ! Tu n’es pas esclave : tu souffrirais la mort plutôt que de l’être, et tu veux nous asservir ! Tu crois donc que le Taïtien ne sait pas défendre sa liberté et mourir ? Celui dont tu veux t’emparer comme de la brute, le Taïtien est ton frère. Vous êtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetés sur ta personne ? avons-nous pillé ton vaisseau ? t’avons-nous saisi et exposé aux flèches de nos ennemis ? t’avons-nous associé dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respecté notre image en toi.

Laisse-nous nos mœurs, elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes. Nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons. Sommes-nous dignes de mépris parce que nous n’avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir. Tu es entré dans nos cabanes, qu’y manque-t-il, à ton avis ? Poursuis jusqu’où tu voudras ce que tu appelles commodités de la vie ; mais permets à des êtres sensés de s’arrêter, lorsqu’ils n’auraient à obtenir, de la continuité de leurs pénibles efforts, que des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l’étroite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler ? Quand jouirons-nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journalières, la moindre qu’il était possible, parce que rien ne nous paraît préférable au repos. Va dans ta contrée t’agiter, te tourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer : ne nous entête ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimériques.



Problématique : 
Comment Diderot parvient-il à faire du bonheur l’antithèse du mode de vie européen ? 

Plan possible :

I) Comparaison de la vie naturelle et de la civilisation européenne

II) La dénonciation de la colonisation

 

Semaine 3 :

MONTAIGNE, Des Cannibales, chapitre 31

Activité : rédiger l'ensemble du commentaire

 

 

Montaigne raconte à la fin du chapitre, sa rencontre avec trois brésiliens présentés à Rouen au roi Charles IX, en 1562.

Trois d'entre eux, ignorants combien coûtera un jour à leur repos et à leur bonheur la connaissance des corruptions de deçà, et que de ce commerce naitra leur ruine, comme je présuppose qu'elle soit déjà avancée, bien misérables de s'être laissés piper au désir de la nouvelleté, et avoir quitté la douceur de leur ciel pour venir voir le nôtre, furent à Rouen, du temps que le feu Roi Charles neuvième y était. Le Roi parla à eux longtemps; on leur fit voir notre façon, notre pompe, la forme d'une belle ville. Après cela, quelqu'un en demanda leur avis, et voulut savoir d'eux ce qu'ils y avaient trouvé de plus admirable; ils répondirent trois choses, d'où j’ai perdu la troisième, et en suis bien marri; mais j'en ai encore deux en mémoire. Ils dirent qu'ils trouvaient en premier lieu fort étrange que tant de grands hommes, portants barbe, forts et armés, qui étaient autour du Roi (il est vraisemblable que ils parlaient des Suisses de sa garde), se soumissent à obéir à un enfant, et qu'on ne choisissait plutôt quelqu'un d'entr'eux pour commander; secondement (ils ont une façon de leur langage telle, qu'ils nomment les hommes moitié les uns des autres) qu'ils avaient aperçu qu'il y avait parmi nous des hommes pleins et gorgés de toutes sortes de commodités, et que leurs moitiés étaient mendiants à leurs portes, décharnés de faim et de pauvreté; et trouvaient étrange comme ces moitiés ici nécessiteuses pouvaient souffrir une telle injustice, qu'ils ne prissent les autres à la gorge, ou missent le feu à leurs maisons. Je parlai à l'un d'eux fort longtemps; mais j'avais un truchement qui me suivait si mal et qui était si empêché à recevoir mes imaginations par sa bêtise, que je n'en pus tirer guère de plaisir. Sur ce que je lui demandai quel fruit il recevait de la supériorité qu'il avait parmi les siens (car c'était un Capitaine, et nos matelots le nommaient Roi), il me dit que c'était marcher le premier à la guerre; de combien d'hommes il était suivi, il me montra une espace de lieu, pour signifier que c'était autant qu'il en pourrait en une telle espace, ce pouvait être quatre ou cinq mille hommes; si, hors la guerre, toute son autorité était expirée, il dit qu'il lui en restait cela que, quand il visitait les villages qui dépendaient de lui, on lui dressait des sentiers au travers des haies de leurs bois, par où il pût passer bien à l'aise.Tout cela ne va pas trop mal: mais quoi, ils ne portent point de haut-de-chausses.

 

Problématique :

 Comment Montaigne parvient-il, grâce à la vision du barbare, à expliquer et à critiquer sa propre société?

 

Plan possible :

I - Une argumentation presque scientifique :

A - Une démonstration rigoureusement menée

B - L'objet de la venue des trois Brésiliens à Rouen

II - La valorisation des chefs cannibales :

A - Une société juste et équilibrée

B - Un peuple raisonnable

III - Montaigne critique sa propre culture :

A - L’opposition (la comparaison) des deux civilisations

B - Une critique des exagérations de la société française (et européenne) du XVIe siècle

 

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